- Accueil
- Actualités
- Truffe noire du Périgord
Truffe noire du Périgord
A la recherche du diamant noir
Bien que le Périgord soit une région de production de ce noble champignon, on a toujours trouvé plus de truffes noires du Périgord dans le Sud-Est de la France que dans le Sud-Ouest. Et pourtant, l’appellation Truffe Noire du Périgord est utilisée en France, en Italie, en Espagne et même en Australie. Sans être une appellation géographique, l’origine vient tout de même du Périgord, région qui a toujours su mettre ses productions en valeur dans la cuisine, notamment dès le XIXe siècle avec la truffe, le foie gras, les volailles, ... et qui a toujours mentionné, et finalement imposé, le nom de Périgord à ses richesses et savoir-faire locaux. Les négociants et les courtiers ne s’y trompent pas, ils viennent chercher de la truffe de qualité sur les marchés de gros et demi-gros de Sainte-Alvère et Sarlat en Dordogne et Jarnac en Charente. De très nombreux consommateurs et gourmets, venant parfois de très loin, font le choix de s’approvisionner auprès des producteurs locaux sur l’un des onze marchés contrôlés qui se tiennent hebdomadairement de décembre à février en Dordogne. C’est ainsi que s’écoule la majorité de la production locale. On la déguste ensuite sur les tables des grands chefs en France et à l’étranger. Avec un peu plus de 1 600 trufficulteurs et environ 2 000 hectares de surfaces trufficoles, la production périgourdine est toutefois très variable, de 1 à 9 tonnes. Elle est directement liée aux conditions climatiques estivales, contrairement à la Charente au relief moins escarpé, qui a pu mettre en place plus facilement des systèmes d’arrosage. Sa production annuelle avoisine 1,5 tonne pour une surface plantée de 1 000 hectares et environ 500 trufficulteurs, soit une moyenne de 2 hectares par exploitation trufficole.
LA PRODUCTION FRANÇAISE A DIMINUÉ DE 95 % EN UN SIÈCLE
L’éloge de la truffe a parcouru les siècles depuis l’Antiquité, mais ce n’est qu’à la Renaissance qu’elle connut son âge d’or. L’auteur de la Physiologie du goût, Brillat-Savarin, écrivait en 1825 que la gloire de la truffe était à son apogée, tant les truffes s’invitaient généreusement à tous les repas. En 1914, la production française s’élevait à 985 tonnes par an. Mais, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la production avait baissé de moitié et ne cessa de diminuer jusqu’à nos jours. La production truffière, longtemps intégrée à l’exploitation agricole, était devenue une production secondaire que l’agriculture intensive continua de marginaliser. On note toutefois un regain d’intérêt en 1965 avec la création de la Fédération nationale des producteurs de truffes et des organismes locaux de sauvegarde et de promotion. Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses recherches sur la mycorhization des plants, le cycle biologique de la truffe et l’amélioration des conditions de production, couplées à une politique de formation des trufficulteurs et la mise en place de techniciens, ont permis à la production française de maintenir un volume annuel d’environ 50 tonnes.
LA NAISSANCE D'UNE TRUFFE, UN SECRET DE LA NATURE BIEN GARDE
La truffe est le « fruit » du mycélium truffer, un champignon qui vit au contact d’un chêne (vert, pubescent, pédonculé) ou d’un noisetier pour les arbres les plus courants. Toutefois, sa naissance reste un mystère. En effet son mode de reproduction n’est que partiellement connu. Il résulte de la rencontre entre une matrice maternelle issu du système racinaire (mycorhize) et celle d’un père qui semble éphémère et à l’heure actuelle encore inconnu. Actuellement, il est difficile de définir les facteurs qui conduisent le passage de l’état végétatif à la reproduction sexuée de la truffe. Aujourd’hui, plus de 80 % des truffes du Périgord sont issus de truffières plantées d’arbres mycorhisés, c’est-à-dire ensemencés en pépinière avec le champignon. En France la production est estimée à plus de 300 000 plants/an. Malgré leur coût, l’utilisation de plants certifiés, sans être une garantie pour les trufficulteurs, augmente leur chance d’obtenir une récolte après 10 ans de plantation en moyenne. Autre phénomène atypique, le « brûlé », nom que l’on donne à la zone circulaire, dépourvue de végétation située sous l’arbre, apparaît à partir de la troisième année de la plantation et quelques fois plus tard voire jamais au grand désespoir du planteur ! Il est le résultat d’interactions écologiques et de mécanismes biologiques, l’une des hypothèses émises étant l’introduction du mycélium de truffe dans les cellules des herbacées présentes sur la zone pour leur « voler » les substances sucrées essentielles à sa nourriture. On retiendra que l’existence du « brûlé » est un indicateur essentiel pour la production de truffes.
UN CYCLE DE PRODUCTION EN PHASE AVEC SON MILIEU
La truffe noire pousse sur des terrains calcaires, elle a besoin d’un sol meuble, micro-agrégé, aéré et drainé. De manière schématique on peut dire qu’au printemps, les spores des truffes ensemencent le milieu et en symbiose avec celui-ci, contribuent soit à la formation et la multiplication de mycorhizes soit à la naissance au mois de mai des petites truffes. Elles grossissent pendant l’été pour obtenir leur taille adulte en septembre, mais la peau est rouge et la chair beige pâle. Ce n’est qu’à partir de décembre qu’elles atteignent cette maturité olfactive et gustative tant recherchée et qu’elles arborent une belle teinte d’un brun sombre veinée de blanc.
FAITES VOTRE MARCHÉ
La vente directe de la truffe fraîche occupe une place non négligeable. En effet, certains acheteurs négociants ou professionnels des métiers de bouche ont établi des relations de confiance avec leur producteur et pris l’habitude de traiter directement avec lui. Mais le commerce de la truffe s’opère surtout sur les marchés réglementés, comme ceux du Périgord et de Charente. Sur les marchés aux truffes, les panières en osier ou en bois et les tissus à carreaux rouges et blancs sont là pour témoigner du respect de la tradition. Les négociants et courtiers sont accueillis sur les marchés « de gros et demi gros » destinés aux professionnels de Sainte-Alvère le lundi matin, de Sarlat le mercredi après-midi et de Jarnac en Charente le mardi matin. L’Association pour la promotion et la valorisation de la truffe de Sainte-Alvère a également mis en place une vente en ligne sur Internet. Depuis une dizaine d’années, de nombreux marchés de détail spécialisés ont vu le jour, ils sont hebdomadaires ou ponctuels avant les fêtes de fn d’année et lors des journées consacrées à la truffe. Contrairement à la vente aux professionnels qui se pratique par lot, le particulier peut acheter à l’unité.
LA TRUFFE SE FÊTE À LA SAISON ET SE DÉCOUVRE TOUTE L’ANNÉE
Dans plusieurs villages du Périgord, les manifestations autour de la truffe sont légion de décembre à février. Une des plus connues étant la Fête de la truffe & Académie culinaire de la truffe et du foie gras, à Sarlat, qui se déroule mi-janvier pendant le week-end. À Jarnac, c’est vers le 20 janvier qu’un week-end lui est consacré. Marché, ateliers culinaires, conférences, démonstration de cavage, dégustation et repas autour de la truffe, qui rassemble près de 300 personnes, le diamant noir est mis à l’honneur dans de multiples animations. À Sorges et Ligueux en Périgord, la traditionnelle Fête de la truffe a lieu le dernier week-end de janvier. La commune est identifiée « capitale de la truffe », ce fabuleux tubercule est gravé dans l’ADN des familles sorgeaises implantées dans la commune depuis au moins un siècle. On y trouve des écrits relatant de petits secrets et de grandes réussites sur la trufficulture. Son intérêt va au-delà du monde agricole, elle captive tous les milieux de la société. C’est dans ce contexte qu’est né l’Écomusée de la truffe, dont le centre de documentation est riche de 700 auteurs, de l’Antiquité à nos jours. Dans une belle ferme restaurée, un parcours initiatique dévoile ses mystères et présente les différentes variétés, truffe musquée ou tuber brumale, truffe blanche d’été ou truffe de Saint-Jean, truffe de Bourgogne, truffe blanche d’Alba… Un sentier de découverte permet de découvrir la faune et la fore particulières aux truffières.
SAVEZ-VOUS CHOISIR UNE TRUFFE FRAÎCHE ?
En premier lieu, il est préférable de respecter la pleine période de maturité de la truffe, de mi-décembre à mi-février, et d’éviter les deux semaines qui suivent des gros gels. Sa peau doit être sèche, bien brossée, elle doit être ferme, mais sans être dure. Quand elle est dure, on dit qu’elle est « boisée », c’est le signe qu’elle a subi la sécheresse durant l’été. Autre critère important, il faut la choisir « canifée », cette entaille dans une petite partie de la truffe permet de voir si sa chair est d’une belle teinte noire veinée de blanc. Selon la classification Interfel (l’Interprofession des fruits et légumes frais), la catégorie « extra » pèse au moins 20 g, de forme arrondie son aspect et sa couleur ne peuvent révéler que de très légers défauts. La catégorie 1 de bonne qualité est supérieure à 10 g et peut avoir de légers défauts de forme, d’aspect et de couleur. Toutes les truffes hors catégories « extra » et 1, pesant au moins 5g, sont dans la catégorie 2. Mais certains marchés peuvent avoir des classifications plus restrictives. À noter que les vrais amateurs choisiront leur truffe en fonction de l’intensité et de la complexité de son parfum qu’ils jugeront agréable. Les prix au détail sont souvent annoncés aux alentours de 1 000 euros pour la catégorie « extra » en période de fêtes et 800 à 900 euros pour les catégories 1 et 2 moins parfaites morphologiquement mais de bonne qualité olfactive. Dès janvier, les prix redescendent à des cours plus « normaux », autour de 700 euros.
COMMENT SAVOURER LA TRUFFE DU PÉRIGORD ?
Que ce soit en lamelle ou hachée, il est préférable de la tailler de manière à lui laisser de la consistance pour qu’elle reste un peu croquante. La truffe noire exhale ses arômes dans une cuisson ne dépassant pas 60 °C, elle a besoin de matière grasse pour fixer les parfums que sa chair diffuse. De l’entrée au dessert, la truffe noire s’intègre aux mets en renforçant leur personnalité.
LES FÉDÉRATIONS LOCALES DES TRUFFICULTEURS, MOTEURS SUR LEUR TERRITOIRE
Avec plus de 1 600 adhérents, la fédération départementale du Périgord est la plus importante de France. Huit groupements de producteurs quadrillent le territoire trufficole, un réseau puissant qui favorise les partages d’expériences et bénéfice des conseils de techniciens. Cette dynamique est révélatrice du nombre croissant de plantations d’arbres truffiers de l’ordre de 100 hectares par an. La fédération gère et règlemente les 11 marchés contrôlés, elle a également créé Périgord Unitruffes, une entreprise de commercialisation pour maintenir les cours de la truffe à un niveau correct, notamment lorsque la demande est moins importante. La vente en frais, surgelés et en conserves de qualité se fait à destination des particuliers et des professionnels du monde entier. Le Syndicat des trufficulteurs de Charente compte près de 250 adhérents, il met à leur disposition un technicien par l’intermédiaire de la chambre d’agriculture et propose des formations sur la taille des arbres, le dressage des chiens, la plantation d’arbres et l’entretien des truffières. Il gère le marché régional de Jarnac et organise la fête de la truffe.
LES MARCHÉS AUX TRUFFES DU PÉRIGORD CONTRÔLÉS
Les marchés hebdomadaires aux truffes sont un signe de qualité garanti par la Fédération départementale des trufficulteurs. Ils s’installent le matin dans les villages du Périgord. Avant d’être présentées à la vente, les contrôleurs des marchés sélectionnent les truffes apportées par les producteurs, la maturité optimale garantissant les qualités gastronomiques attendues. Elles sont lavées et triées par espèces et catégories, tracées quant à leur terroir de provenance et l’identité du producteur, qui doit obligatoirement être adhérent de la fédération.
Les principales manifestations locales
Jeudi : Excideuil, Saint-Astier, Terrasson
Vendredi : Brantôme, Ribérac
Samedi : Bergerac, Périgueux, Sarlat, Thiviers
Dimanche : Saint-Geniès, Sorges
LE MARCHÉ DE JARNAC EN CHARENTE, UN RENDEZVOUS INCONTOURNABLE
En Charente, le marché de Jarnac s’est taillé une renommée dans le négoce de la truffe en France. Depuis 2004, il est devenu la capitale régionale de la truffe, avec une production en constante progression due à l’explosion des surfaces plantées. Tous les mardis, après le contrôle des commissaires, le marché aux truffes ouvre à 9 h 30 dans la salle des fêtes, à destination des particuliers, mais surtout des professionnels qui arrivent de Touraine, du Bordelais et même de Dordogne. Seuls, les producteurs adhérents d’un syndicat ou d’une fédération de trufficulteurs peuvent vendre sur le marché.
Mise à jour : janvier 2020